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Commerce extérieur : quels objectifs et quelles stratégies ?

Par Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’Etat Auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

Le commentaire des chiffres du commerce extérieur figurent depuis quelques années parmi les « marronniers ». Chaque année, les observateurs déplorent un déficit commercial qui persiste et une France qui ne prendrait pas suffisamment sa place dans la mondialisation.

Je m’attache régulièrement à déconstruire ces idées reçues tant elles ne rendent pas hommage à la créativité et à la pugnacité de nos entrepreneurs.

En effet, nos fondamentaux en matière d’internationalisation de nos entreprises et de commerce extérieur sont relativement solides. Ceux qui veulent voir le verre à moitié vide en resteront à constater un déficit commercial qui s’est légèrement creusé en 2018 à 59,9 Mdse. Mais à y regarder de plus près, si l’on met de côté la facture énergétique, le déficit commercial connaît une baisse sensible, de 12 % grâce notamment à la bonne performance des exportations dans les secteurs des véhicules automobiles (+7,9 %), des produits chimiques, parfums et cosmétiques (+3,1 %) ou des produits agricoles et agroalimentaires (+2,0 %).

Je ne suis donc pas un fétichiste du solde commercial brut car il est en quelque sorte l’arbre qui cache la forêt de signaux encourageants :

• Pour la deuxième année consécutive, le commerce extérieur contribue positivement à la croissance française. Ce n’était pas arrivé depuis 2011-2012. Et pour rien moins que 40 % des 1,5 points de croissance de 2018 selon les premières estimations de l’INSEE !

• L’excédent de la balance des services continue ainsi sa progression en 2018, à 28 Mdse grâce à un secteur touristique qui connaît des recettes records à 57 Mdse, en progression de 3,3 Mdse, ce qui génère un excédent de 16,5 Mdse. La France reste par ailleurs un exportateur de services de premier plan.

• La France exporte mais la France produit aussi localement au plus près des marchés de ses clients. Et ces investissements directs français à l’étranger génèrent des revenus importants, et significativement plus importants que ceux de nos voisins allemands ou italiens. Cela montre bien que la France tire globalement profit de ses échanges avec le reste du monde.

• Enfin, pour la première fois depuis 2003, le nombre des entreprises exportatrices atteint un plus haut chiffre à plus de 125 000. Et notre fil rouge est justement d’encourager un nombre plus important d’entreprises françaises, en particulier de PME à exporter.

Le Gouvernement est donc totalement mobilisé pour appuyer notre tissu exportateur, pour ouvrir de nouveaux débouchés à travers les accords commerciaux et pour diffuser une culture de l’export plus forte encore depuis les écoles jusque dans les territoires. C’est d’ailleurs depuis une école, l’Edhec, sur un territoire, à Roubaix, que Le Premier ministre a présenté il y a un an, le 23 février 2018 la nouvelle feuille de route pour le commerce extérieur.

Celle-ci a mis en place des financements adaptés et surtout passe à la vitesse supérieurs pour créer une véritable Equipe de France de l’Export, véritable dispositif fédérant les énergies publiques et privées au plus près des PME et des territoires. Les grandes entreprises concentrent plus de 50 % des exportations françaises, les ETI plus de 30 %. C’est la raison pour laquelle la bataille de l’internationalisation doit d’abord être gagnée dans nos territoires, auprès des PME.

La « Team France Export », qui vise à constituer un guichet unique rassemblant, sous l’égide des régions, tous les acteurs publics et privés autour de Business France et des Chambres de commerce et d’industrie est devenue une réalité. Le nombre de PME et d’ETI de croissance suivies par les équipes de Business France en région et ayant démarré un plan d’action à l’export a ainsi augmenté de 18 % en 2018.

Pour poursuivre cette dynamique, Business France déploiera dans les prochains mois de nouveaux outils numériques partagés afin de permettre aux acteurs de la Team France Export de suivre les entreprises tout au long de leur parcours à l’export et de leur apporter un service au plus près de leurs besoins.

Alors que notre monde est marqué par une montée des tensions commerciales internationales mais aussi par le retour des puissances, très clairement, l’heure est à la mobilisation générale. Au niveau national, je viens de l’évoquer. Mais elle doit l’être aussi au niveau européen. Pour que l’Europe n’ait plus peur d’assumer son statut de puissance commerciale. Cela impose de revisiter certaines certitudes bruxelloises en matière de concurrence ou de commerce international. Pour que le libre-échange soit toujours plus un juste-échange qui donnera à nos entreprises un terrain de jeu encore plus équitable. 

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